Un grand nombre de tribus berbères ont choisi le nomadisme comme principal mode de vie au Maroc et parcourent les vastes étendues de terres désertiques et semi-désertiques, y compris les plaines du Sahara et les reliefs escarpés de l’Atlas, accompagnés de leurs familles et de leurs bêtes.
Qui sont ces populations ? De quoi vivent-elles ? Pourquoi faut-il préserver leur mode de vie ?
Plongée au cœur des nomades de Drâa Tafilalet.
La région de Drâa Tafilalet a été peuplée suite à des vagues successives de migrations humaines avec des populations qui se sont installées dans ces terres enclavées par les montagnes de l’Atlas au nord et à l’ouest, la frontière algérienne à l’est et le grand desert présaharien au sud.
Les tribus qui y vivent aujourd’hui sont d’origines ethniques variées représentées par les descendants :
Certaines de ces populations se sont sédentarisées en vivant d’agriculture tandis que d’autres ont préféré le nomadisme (en vivant de commerce et de pastoralisme). Bien que le nombre de nomades amazighes ait considérablement diminué au fil du temps en raison de l’urbanisation et de l’industrialisation, certains groupes demeurent particulièrement attachés à leur mode de vie traditionnel, surtout dans les régions désertiques.
Parmi les principaux représentants des nomades de Drâa Tafilalet figurent les descendants des Ait Atta et des Nouaji.
Les amazighes autochtones du grand Tafilalet descendent des deux grandes confédérations berbères médiévales : les Zenata et les Sanhaja qui sont aujourd’hui représentées par les Aït Yafelmann auxquels appartiennent les tribus Aït Izdeg et les Ait Mergad, et les Aït Atta auxquels appartiennent les tribus Ait Khebbach dont beaucoup nomadisent aujourd’hui encore entre l’Atlas, le haut Drâa, Tafilalet et les territoires désertiques.
Malgré leur transhumance, les Aït Atta ont toujours pesé dans la balance des pouvoirs de la région, favorisant un camp contre un autre au grès des alliances ou en négociant un salaire en tant que troupes mercenaires. Ils organisaient des raids réguliers sur les routes et les carrefours commerciaux, occupaient temporairement les ksours et affrontaient les autres tribus qui les concurrençaient économiquement.
Les Nouaji font également partie de ces populations nomades propres à la région, mais avec une origine ethnique et historique totalement différente. Originaires du Yemen, ces tribus sont donc arabes et non amazighes. Elles migrent en Afrique du nord entre le 12ème et le 13ème siècle et établissent des routes commerciales allant jusqu’en Algérie, Mauritanie, Mali, Niger et Soudan. Elles s’installent ensuite au Maroc et commercent dans les dattes, le sel, les épices, le thé, l’or et l’élevage de dromadaires, avant d’entrer en conflit avec les puissants Aït Atta qui les poussent vers le grand sud où ils se dispersent dans le désert et adoptent définitivement leur mode de vie nomadique.
Les nomades se déplacement en petits groupes dont les membres font généralement partie d’une seule et même famille. Ils sont munis de provisions et portent des vêtements les protégeant du froid, puisque les nuits au désert peuvent être glacées malgré des pics de températures sous le soleil. Ils parcourent les plateaux et les plaines de la région Drâa Tafilalet à la recherche d’eau et de pâturages pour leur bétail, et optent pour une vie des plus rudimentaires.
Longtemps soucieux des aléas climatiques auxquels ils ont toujours su s’adapter, ils ne possèdent pas de biens immobiliers ou de lieux de vie stables, leur survit repose sur leur grande connaissance de la nature et leur puissant esprit de solidarité et d’entraide.
Bien que le nombre de nomades amazighes ait considérablement diminué au fil du temps en raison de l’urbanisation et de l’industrialisation, certains groupes demeurent particulièrement attachés à leur mode de vie traditionnel, surtout dans les régions désertiques.
Beaucoup d’entre eux sont devenus semi-sédentaires, notamment dans la région de Mhamid El Ghislane, tandis que d’autres déclarent ne pas être prêts à abandonner ce mode de vie hérité de leurs ancêtres, notamment dans les environs de Midelt. Ils font pourtant face à de sérieux défis climatiques et à une sècheresse systémique, à la fermeture des frontières qui limite leurs déplacements, notamment celle entre le Maroc et l’Algérie, et à la construction de barrages (en particulier El Mansour Eddahbi à Ouarzazate) qui a bouleversé les flux hydriques et poussé de nombreuses familles à une sédentarisation quasi totale.
La nouvelle génération essaie désormais d’intégrer les codes, us et coutumes de la société marocaine sédentaire, sans abandonner totalement sa culture ancestrale, et oeuvre pour la transmission de son art et de ses traditions. L’essor du tourisme équitable encourage cette préservation et permet à de nombreux nomades de Drâa Tafilalet de diversifier leurs sources de revenus et de poursuivre leurs activités pastorales.
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