Située dans le Haut Atlas, la Kasbah de Telouet était la résidence de la famille El Glaoui jusqu’à la veille de l’Indépendance. Cette antique demeure est un bijou architectural et une merveille pour les yeux, surtout de l’intérieur.
C’est la première chose que vous verrez en arrivant à Telouet. Située sur un promontoire et dominant le village, la Kasbah comporte un ensemble de bâtiments remontant successivement aux XVIII, XIX et XX ème siècles et constitué d’ajouts successifs.
Télouet était le lieu de passage obligé des caravanes allant de Marrakech à Ouarzazate avant la mise en construction de la route qui passe par le col du Tizi n-Tichka. Grâce à cette position stratégique, elle demeura pendant une centaine d’années, l’un des fiefs des seigneurs Glaoua, une tribu de la région du Grand Atlas qui a acquis une certaine notoriété grâce à un personnage controversé du temps du protectorat français, Thami El Glaoui, pacha de Marrakech et dernier « seigneur de l’Atlas ».
Deux dates ont marqué le village de Telouat. En 1682, au moment où le souverain Moulay Ismail Ben Chérif (1645-1727) revient vers Marrakech au terme d’une tournée dans le Tafilalet, une tourmente de neige le surprend pendant sa traversée du Haut Atlas, faisant périr une partie de son armée. Il est accueilli à cette occasion par le caïd Abdessadek El Glaoui. Puis en 1893, le sultan alaouite Hassan Ier (1836-1894) fait relâche à Telouet, toujours pour cause de tempête de neige, et où il est reçu somptueusement par Si Madani El Glaoui et son jeune frère Thami. Ce dernier événement pèsera ultérieurement de tout son poids sur l’histoire des Glawa, de la Région Drâa-Tafilalet et le devenir du Maroc, surtout face aux convoitises françaises.
La Kasbah des Glaoua n’est pas vieille, pourtant c’est l’une des forteresses qui a marqué le plus l’histoire du Maroc pendant le protectorat. Considérablement agrandie au début des années 1900, grâce à l’accroissement de la fortune et du pouvoir de la famille El Glaoui, différents bâtiments furent ajoutés à côté d’une Kasbah plus ancienne. C’est cette partie plus récente qui se visite encore dont deux somptueuses pièces richement décorées, qui témoignent de la splendeur dans laquelle vivait la famille El Glaoui.
Tout à la fois forteresse, château et caravansérail, la Kasbah de Telouet offre un ensemble architectural impressionnant. La vie de cette résidence était autrefois rythmée par les chants et les danses d’Ahwach, tradition amazighe ancestrale remontant à des temps immémoriaux, et ce sous le regard des Glaoua installés à un balcon, au premier étage de l’édifice, lequel balcon est encore presque intact.
A l’intérieur, la salle de réception donne sur l’oasis par de belles fenêtres grillagées. Un décor somptueux de stucs et de zelliges tapisse entièrement les murs et le sol. On raconte que 300 ouvriers travaillèrent durant trois années pour sculpter les plafonds et les murs. Les photographes en herbe trouveront leur bonheur dans cette salle, un espace 100% instagrammable !
Depuis 1960, la Kasbah est en grande partie abandonnée. Les visites se font avec un guide, une partie du prix du billet finançant la rénovation du site. Pour y accéder, il faut dépasser le centre du village et l’oued Imarene. Une piste vous conduira jusqu’à la porte principale du Dar El Glaoui, renforcée à l’aide d’une clef de 25 centimètres de long, pour déboucher dans une cour pavée de larges pierres. Les structures de terre de couleur ocrè et rouge sont énormes, mais fragiles. Une enceinte principale à plusieurs cours entourées de murailles crénelées, donne à l’ensemble un aspect des plus singuliers.