Isolé, immense, fastueux, le Ksar Ait Ben Haddou est l’image emblématique de l’architecture présaharienne en terre et en brique crue propre au Sud marocain. Inscrit en 1987 sur la liste du patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, Ait Ben Haddou reste l’un des Ksours les mieux préservés de tout le Maroc. Cette magnifique forteresse constitue une belle excursion depuis Ouarzazate (30km à l’ouest). Elle offre à la fois un voyage dans le temps et dans l’espace et vous laissera des clichés sublimes et des images plein la tête. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de réalisateurs y viennent pour tourner leurs films !
Le Ksar Aït Benhaddou, élevé sur les premiers contreforts sud du Haut Atlas, est un extraordinaire ensemble de bâtiments offrant un panorama complet des techniques de construction en terre dans les régions présahariennes. L’habitat de terre trouve ici à Ksar Ait Ben Haddou l’une de ses plus belles expressions dans le Sud marocain, illustrant ainsi toute une génération de ksour ayant vu le jour à partir du 16ème siècle dans les vallées du Drâa, Todgha, Dadès, Mgoun, Ziz et le Souss. Les plus anciennes constructions ne paraissent pas antérieures au 12ème siècle, bien que leur structure et leur technique se soient propagées dès une époque très reculée dans les vallées du Sud marocain.
Ait Benhadou revêt une importance patrimoniale régionale et nationale particulière. De tous les sites patrimoniaux du Sud-Est du Maroc, il est celui dont l’image est la plus largement diffusée dans les affiches, les spots publicitaires, les cartes téléphoniques, pour promouvoir le Maroc authentique.
Le Ksar Ait Ben Haddou fascine les visiteurs et inspire les historiens, les sociologues et les architectes. Selon les traditions orales et bien avant la construction du Ksar, un grenier dressé sur le sommet le plus culminant du site, témoignerait de la toute première occupation humaine. Toujours selon la légende, une princesse amazighe aurait aussi gouverné la région et ce bien avant l’avènement de l’Islam. Le ksar aurait été également l’une des nombreuses escales de la route commerciale qui liait l’ancien Soudan (Gao, Tombouctou, Djenné, etc.) à Marrakech par la vallée du Drâa et le col de Tizi n Telouet.
Les premiers témoignages écrits sur ce Ksar remontent au 17ème siècle et signalent que Amghar Benhaddou, premier gouverneur du lieu, y demeura à l’époque des Almoravides (11ème siècle). Son éponyme s’y attacha par la suite et le sultan de la dynastie alaouite Hassan 1er y passa pour rejoindre Marrakech par Telouet lors de sa dixième et dernière harka (expédition militaire) entre 1893 et 1894.
Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO
Inscrit en 1987 sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, Ksar Ait Benhaddou a préservé son authenticité architecturale au niveau des formes et des matériaux. Les grandes demeures en bas du village, dont les motifs décoratifs sont conservés, sont bien entretenues. Les matériaux employés pour la construction restent la terre et le bois. Grâce au suivi permanent du Comité de contrôle des infractions qui regroupent la Commune rurale, la Division de l’Urbanisme, l’Agence Urbaine et le CERKAS, une attention particulière est accordée aux modifications apportées et à la préservation du style architectural.
Comptant encore une poignée de familles habitant le Ksar, certaines parmi elles vont vous faire visiter leur maison. La structure de l’habitat se présente sous forme d’un groupement compact, fermé et suspendu. Les espaces publics du Ksar se composent d’une mosquée, d’une place publique, des aires de battage des céréales à l’extérieur des remparts, d’un caravansérail, de deux cimetières (musulman et juif) et du sanctuaire du saint Sidi Ali ou Amer.
Au-dessus de la Kasbah Ait Benhaddou, se trouve un grenier collectif, aujourd’hui en ruine, bâtis selon le schéma classique qui règle l’agencement des villages présahariens et ordonne le groupement des Kasbah autour d’un espace central de distribution.
S’il vous arrive de grimper en fin d’après-midi sur les hauteurs surplombant le Ksar, quand la lumière rasante révèle le moindre détail architectural, vous pourrez entrevoir le paysage magnifique de la palmeraie environnante !
Promouvoir le patrimoine cinématographique
Lawrence d’Arabie (1963), Jésus de Nazareth (1977), La Momie (1999), Gladiator (2000), Prince of Persia (2010), La 3ème saison de Game of Thrones (2013) et autres films y ont été tournés. La forteresse Ait Benhaddou est l’une des Kasbah les plus exotiques et les mieux conservées de toute la région de l’Atlas.
Grâce à son utilisation pour le tournage de nombreux films, Ksar Ait Ben Haddou a pu préserver son authenticité architecturale, ce qui a permis d’assurer sa réhabilitation en effectuant les travaux de restauration nécessaires et toujours en cours.
Moussem Aït Ben Haddou
Chaque second samedi du mois de juin (selon le calendrier agricole amazigh), les habitants du village, qui ont quitté l’ancien ksar au cours des années soixante pour s’installer dans un nouveau village sur la rive droite de l’oued El Maleh, célèbrent annuellement une foire régionale honorant le saint Sidi Ali ou Amer. Ce moussem est fréquenté par les Aït Ben Haddou et les habitants des localités voisines.
Le recul, qui permet une large vue panoramique du Ksar, la couleur rougeâtre de ses façades et tours crénelées, le bleu azur de la rivière qui serpente à ses pieds, le vert tendre des jardins potagers, ont inspiré bien des peintres – notamment Jacques Majorelle qui l’a immortalisé dans des œuvres picturales. Ce fameux peintre français du début du vingtième siècle aura été, avec sa palette et ses pinceaux, le premier à mettre en image les territoires encore inconnus du Maroc profond. C’est devant le Ksar Ait Ben Haddou que Majorelle, un habitué de la Kasba de Taourirt, développa ses nouvelles techniques de peinture qui feront date dont le procédé avec métaux où l’or et l’argent viennent se mélanger aux pigments pour rehausser les reliefs et les lumières. C’est lui qui mettra au point la teinte bleue qui portera son nom à la postérité, le bleu Majorelle. Vous retrouverez ses tableaux exposés dans le « Musée berbère » au sein de la villa « Jardin Majorelle » à Marrakech.